La Mort du Dictateur

February 18, 2008

« La deuxième moitié du 20me siècle va être remarquable pour la disparition des dictateurs politiques. »

La Presse

Il est très dangereux quand le jour se lève.
On ne sait pas ce qu’il pense, le dictateur,
Quand le jour se lève.

Il a mal dormi –
Le royaume souterrain grouille dans sa tête.
Des mites
Avec des têtes des morts sur les ailes
Attendent sa signature.
La main est faible.
La table est loin
À l’horizon de la chambre.

Au delà des murs
Les peuples partent au travail.

Ici ne sont que le laquais et le médecin.
Le dictateur ouvre ses yeux.
Le médecin – inutile pour toujours.
Le laquais – fidele une minute de plus.

Solitude.
Toute la vie – solitude,
Et maintenant – solitude.
Ils en restent toujours quelques gorgées du monde,
en pleine confidentialité.

– Dieu, suis-je aussi peccable?

La voix de qui vient de survoler?

La main se tend vers le vide
Et le poignet tombe dans le lit
Comme une souris.

Le peuple a été gracié.

Tiens ! Il a été un tout petit homme –
Comme la chaussure d’un enfant !

L’histoire ferme les cils –
Deux pages de mort.

Professeurs d’histoire !
Donnez des durs examens aux nos enfants!
Mères, soyez attentive !
Enfanter est dangereux !

1966

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À un crituque

November 20, 2007

Ces vers – gouttes de sang chaud,
souffles du rire des verts ruisseaux montagneux,
des oiseaux de fils bleus sur la chemise d’un enfant,
étincelles des coups de sabots
sur des formules physiques démentielles,
des gifles des bulgares anciens
sur les joues confortables de leurs successeurs,
des tendres messages à mon fils fragile –
ces vers –
sombres et brillants comme le jour et la nuit,
simples et compliqués comme les herbes et les gens,
ces vers
ne sont pas pour toi.

L’on t’a appris d’être un juge,
raisonnable dans le geste et le calcule –
et les yeux fixé sur un appât petit
de trébucher sur la tombe de ta mère.
Moi, personne ne m’a jamais appris
comment me réveiller à minuit et demander mes yeux :
« Qu’est-ce que vous avez vu au-delà ? »
« Pourquoi l’espoir est noir
et blanche – la mort? »
« Pourquoi l’on tue les poètes,
soit d’un coup, soit peu à peu ? »
« Pourquoi l’homme se lève,
après être tombé? »

Qui suis-je ?

Je suis un sombre garçon,
Qui continue à croire,
Malgré ta vive présence.
Encore plus,
Je te prends en petits tranches
Contre épidémie.

1964

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Conte de la Culpabilité

November 20, 2007

Oh, ils maitrisent ce coup vilain !
Quand avec les bras pliés
tu contemples les promesses passantes.
Es-tu vaincu ?

Quelle forte protestation du silence !
(Qui d’autre il y a à protester ?)
Mais l’arbitre continue à compter
les secondes injustes :
…Cinque,
Six,
Sept,
Huit,
Neuf.

C’est pas la faute à nous, c’est la faute au temps !
Pourquoi il va juste jusqu’à neuf ?

Et après avoir lavé ses mains, Pilate
a dit :
« Dieu sait,
Que j’ai lavé mes mains. »

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Le temps arrivera, après des insomnies et des serpentements,
Après des marches longues à travers des montagnes et des époques –
L’escadron s’arrêtera et nous descendrons des chevaux.
Inhabituelle sera pour nous cette distance –
De l’étrier à la terre.

L’on serra toujours ahuri des coups d’en face,
de la triste traitrise des fils et des pères,
de l’air libre,
que nous avalions avec les larmes pour les morts –
L’on serra ahuri.

Qui êtes-vous ? – l’histoire nous demandera. –
De quelle dynastie ? Ou sont vos distinctions ?
Architecture ? Musique ? Art ?

Nous n’allons que sourire à travers le verre de l’air,
embué par les narines des chevaux haletants.

Après la nature nous dessinera avec des bras allongés,
Avec des yeux dans lesquelles courent des gladiateurs – thraces, incas, mayas,
Et sur nos têtes elle posera une auréole des mères,
Que l’on a tué de tristesse, avant qu’elles nous aient tués.

Beaucoup de mots deviendront inutiles –
Comme maintenant, en effet.
Le futur aura un précis langage mathématique.

Sous les petites étoiles électroniques au-dessus de nous
Il y aura une courte équation mathématique :
La distance entre la terre et l’étrier est égale
Au carré de la distance entre la terre et le soleil.

– Aux chevaux ! –
Criera un garçon – blanc, noir ou jaune.
Et touts les enfants chevaucheront leurs fous bâtons.

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Autoportrait sans montre

November 8, 2007

Celui qui va et qui tombe!
Une branche pour le vent à s’y pendre !
Ici, sous l’arbre est la source,
Là-bas, sous la pierre est le mal.

Celui qui prend tes yeux
Et glisse sous tes cils,
Qui tu sens soudain
Une fois à millier.

Mes enfants, petites Bulgaries,
Des païens tombés dans l’église du Dieu,
Vêtez mes cendres !

Jumeau du jour et de la nuit,
temps et sable,
oiseau à quatre jambes d’Elania,
le chasseur et la bête,
je vous dis „Bonjour“
et je vous quitte.
J’ai sourit à qui?
J’ai tiré ma langue à qui?
Je ne sais pas – je ne sais pas,
Je ne dis pas – je ne dis pas.

Je suis fait à étonner !

Ne vous fatiguez pas –
Personne ne peut m’aider déjà.
Je suis dispersé et je ne m’aime pas.

Qui tu es ?
Je suis celui qui s’ennuie
Et sa tombe!

Qui tu e-e-es ?

– La gou-ou-tte ! – a crié la pluie.
Et personne n’a pu dessiner ce mot mouillé.

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Audiovision

November 7, 2007

A Roumen Leonidov

Il n’y a pas encore de l’électricité.
Il n’y a non plus de cuisses de grenouille.
Il n’y a pas de radio – dans les sacs des courriers
Les nouveautés commencent à puer le fromage,
Le café dort aux pieds des cobras
Et rêve en grains les rendez-vous internationaux

Il n’y a pas de japonais.
Il n’y a pas d’autres japonais.
C’est hostile, c’est illettré, c’est cru, c’est rustique.

…Et la Terre sur son dos dans l’Espace
Tourne les anneaux de Saturne,
Et Mars – le meilleur jongleur –
Jète en l’air Phobos et Deimos,
Lorsque Jupiter et Mercure
Avec leurs jambes commerciales futures
Marchent sur leurs orbites intéressées,
Et Venus – nue et pas chantée –
S’enfonce dans sa cent-pour-cent humidité.

Pas un seul poète à fusiller.

…Il était nuit et mon grand-père me disait :
« Quand il n’y a pas de poètes naturels,
La poésie devient un problème linguistique.
Va dormir,
Car tôt demain matin
Arrivera le progrès ! »

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Question

November 7, 2007

Quelqu’un dit:

Les vices peuvent se transformer en virtus!
Alors, les virtus doivent se défendre !
Comment ?
En se transformant en vices ?

Alors l’on peut dire :
Une brebis a mangé un loup.

Etes-vous mieux contents maintenant ?

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Philosophie

November 7, 2007

La nature ne crée rien de moche.
Ni le serpent, ni la loutre,
Ni les infusoires, ni les cafards
Sont moches.
Au contraire – ils sont exquis.

La nature ne crée rien de moche.

Même ces filles !
Regardez ces filles
qui fécondent la rue fleurissante
et causent la murmure
des piétons!
Leurs jambes – plus longues que les pavots.
Leurs cheveux – plus bleus que le vent.
Leurs yeux – plus clairs que la nuit.
Et la peau… plus blanche
Que ma faiblesse pour elle.

Elles sont si braves – ces cafardes
Et elles ne craignent pas
Si, à cause de l’intempérance,
Leurs seins partent touts seuls
Dans la rue.

Enfin,
Le piéton comprend aussi
Certaines choses,
En murmurant.

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Optimism

November 7, 2007

L’inconcevable et le simple
Vont la main dans la main.

Un cheval pâture au bord de la rivière –
Que c’est simple !

Un enfant demande : pourquoi ?

Venez, siècles, époques,
Grecques, Perses, Egyptiens, Thraciens ;
Venez, aristotes,
lauréats, physiciens, nature-philosophes,
sociologues, urbanistes, cybernéticiens !
Portez vos cerveaux électroniques !
Portez vos formules !

La voilà, la table ronde –
Ronde comme un zéro.
Assoyez-vous !

Un enfant demande : pourquoi ?
Répondez !

Quelle longue pause de connaissances !…

Bien, maintenant, allons-nous reposer.
Un cheval pâture au bord de la rivière…

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Harmonie Interne

November 7, 2007

Le claquement des ailes sauvages dans les murs du brouillard,
Le saut du couleur vert du soleil aux branches,
Les thraces sabots aveugles, qui grondent (sourdement)
Deux millénaires déjà dans les fresques souterraines –
J’aime.

L’émouvante geste classique de Marquis de Posa,
Qui a couvert dans sa pèlerine la dignité des siècles
Et qui a tombé dans les pieds de Philip avec les mots ailés :
– Oh, donnez à la pensée de la liberté ! –
Je n’aime pas.

Je suis libre.

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